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24 Avril

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Ubaye Snow Trail – Le Récit de Séb

Catégorie : Récits de Trail

Ubaye Snow Trail – Le Récit de Séb

Récit et photos: Sébastien DELLA CASA

De la neige, de la neige encore de la neige. Nous étions là pour ça, l’organisation à mis les bouchées doubles pour que la poudreuse soit avec nous. Et elle a tenu ses promesses…

Troisième course comptant pour le Challenge des trails de Provence en courte distance, l’Ubaye Snow Trail fait faire le grand écart après la garrigue ensoleillée de Cadolive. Ici, c’est la montagne, la vraie, celle qui résiste et qui impose ses règles.

Ainsi la mauvaise météo (d’un point de vue déplacement en véhicule) a eu raison de la venue de près de 110 inscrits. C’est une course où même la présence sur la ligne de départ se mérite. Les pneus neige n’étaient pas du luxe et les chaînes ont été obligatoires jusqu’à la veille du départ. Seuls 300 traileurs ont pu se présenter sur la ligne. La grosse quantité de neige tombée n’a pas permis d’utiliser certains emplacements de parking, on n’a rarement vu Saint Paul avec autant de véhicules au cœur du village. Cela n’a pas duré et il était fortement conseillé de se garer sur la route en contre haut du village.

Mais une fois sorti de la voiture la neige prend un tout autre aspect : elle devient une matière de jeu fantastique ! Le parcours est construit pour profiter des divers états du manteau neigeux : des portions damées à la machine, des portions préparées à la raquette et portions de poudreuse. Avant de me placer pour le départ je discute avec Laurent venant du Nord pour qui cette course sert de mise en jambe avant une série de trails longs. Plusieurs années qu’il y participe en descendant de Lille. On est d’accord sur le fait que se sera une course qui demandera de la technique. « Et les paysages, les paysages ! » me dit-il les yeux qui pétillent. Le plafond est variable mais assez bas masquant les sommets alentours, les organisateurs annoncent une embellie aux heures d’arrivées. Je décide de ne pas prendre les chaînes aux pieds, j’entends dire qu’elles ne servent qu’aux environs du village mais pas dans la grimpette. Autant vous le dire de suite, pour cette session, ce fut une erreur, autant en montée qu’en descente, les voies étaient glissantes et ceux qui étaient équipés n’ont pas du le regretter. La température est douce quand le départ est donné, c’est de bon augure. J’ai quand même un coupe-vent dans le sac, bonnet sur la tête et gants aux mains.

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Voilà que les leaders se placent dès les premiers mètres dans l’ordre qu’ils garderont jusqu’au podium. Cette année le parcours est écourté en raison des risques d’avalanche, ce sera un 19km avec 900D+, un rythme rapide est donné par les premiers partants.

Cette première partie sur neige damée est très agréable et permet de se placer. Pour un si petit village, il est étonnant de voir autant de public venu nous encourager : c’est l’esprit de solidarité montagnard. Très rapidement en quelques centaines de mètres après le village, malgré le damage, les pieds peuvent s’enfoncer jusqu’aux genoux. Tous les coureurs se placent donc en file indienne profitant du damage des prédécesseurs afin de ne pas chuter. J’entends d’ici les moqueurs dire que pendant cette course et pratiquement dès le départ j’ai eu plus souvent les mains et la tête dans la neige que les pieds. Ne les écoutez pas, ceci n’est qu’exagération calomnieuse. Si j’avais la tête dans la neige c’est par simple soucis de réalisme pour rendre un compte rendu immergé. Cependant, je déconseille quand même fortement de vouloir doubler en s’écartant d’une voie sûre et jamais mais alors jamais en voulant doubler par la poudreuse. J’ai du faire cramper les zygomatiques de mes poursuivants.

Ainsi pour le peloton, c’est une longue file indienne d’où il est difficile de grignoter des places. De ci de là, on observe de profonds trous de chaussures dans la neige, personne n’est à l’abri d’un pied qui s’enfonce. Mais ce n’était que mise en jambes jusque là.

L’arrivée au premier ravitaillement annonce le début de la montée dont le profil donné par l’organisation est raide sans replat. La lecture des comptes rendus des leaders de l’an dernier faisait état d’une course agréable avec de nombreuses relances. A l’arrivée, j’ai recueilli le témoignage de Stéphane qui a été lui aussi très étonné de savoir où l’on pouvait à notre niveau, trouver des relances dans cette longue montée. Et si vous n’êtes pas placé dans votre allure, impossible de doubler dans cette monotrace. Mais quelle beauté, neige immaculée de toute part, imposants versants s’offrant au regard : on se sent petit et la longue file de coureurs m’évoque le célèbre Chilkoot Pass, col meurtrier de la ruée vers l’or au Klondike. Il est nécessaire de bien positionner ses pieds, de nombreux passages sont glissants sous 1 ou 2 cm de poudreuse. De plus, si l’on s’écarte en glissant ou volontairement de la trace centrale, les pieds s’enfoncent profondément et demande un surplus d’énergie pour se dégager sans ralentir les poursuivants qui talonnent.

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Arrive ensuite un passage sur route en légère montée puis en plat. Cela fait du bien de reprendre la course même si le rythme est très lent dans mon groupe de coureur. A posteriori, je regrette de ne pas avoir grignoté quelque chose à ce moment là. Je me sentais peu fatigué dans l’ensemble et croyais avoir presque terminé le dénivelé. De plus, ayant pris quelques marques avec les appuis, j’ai sous-estimé la dernière portion de montée.

Après le hameau de Fouillouse, la montée reprend de plus belle mais sur un autre type de substrat : de la poudreuse, enfin, ce qu’il en restait après le passage de la moitié des coureurs. Mes pieds glissaient souvent, je me suis senti en hypoglycémie et j’ai eu le moral en berne 200m avant le ravitaillement, j’ai même envisagé de faire une pause. Ce qui m’a remonté le moral c’est de savoir que la course avait été raccourcie ! Cette portion modifiée a quelques avantages, cela permet d’encourager les premiers qui descendent à longues enjambées sur les passages où nous avons la chance de les croiser.

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De l’avis général, nombreux étaient ceux qui attendaient la descente avec impatience afin de pouvoir enfin donner un autre rythme à la course. J’étais bien entendu de cela mais Laurent et Stéphane (de l’Ardèche) qui avaient déjà fait ce trail savaient à quoi s’attendre. Dès le début de la descente, la piste est comme retournée avec une multitude de trous (profonds) et il est très hasardeux de poser les pieds même sur les portions de neige qui semblent convenables. Que celui qui n’a pas chuté lève la main ! Il vaut mieux ne pas rechercher la vitesse mais garder ses deux genoux valides qui doivent encore servir pour la suite du Challenge le 6 mars pour le Trail de la Sainte Baume. Dans les passages les plus raides, j’ai vu des coureurs se laisser glisser sur les fesses. Bertille du Var, me confiera qu’elle a fait une grande partie de la descente de cette façon. Côté météo, alors que j’avais levé le bonnet juste avant le dernier ravitaillement (pendant mon coup de pompe), je le remets fissa à l’approche d’une fine précipitation de grésil associé à une petite bise. Je décide d’attendre 10min avant de mettre la veste, bon choix car l’averse prendra fin avant que j’aie à déposer le sac, à moins que nous soyons simplement passés sous la limite altitudinale de l’averse, la pente étant particulièrement forte.

A mi-chemin, la descente reprend la forme d’une monotrace avec les mêmes caractéristiques techniques : quantité de trous et passages glissants mais en version largeur 40cm : impossible d’y échapper. Un pied de travers et c’est la chute. Malgré la technicité de cette descente c’est un régal, c’est rapide, en sous-bois de mélèzes c’est simplement beau. Mais le fait de se freiner en descente impose aussi un surcoût énergétique.

Retour au plat à l’approche du village, le support est à nouveau de la neige damée avec de rares trous, il est donc possible d’accélérer l’allure sans se soucier à chaque pas si le pied est bien positionné. Je constate que la file s’est légèrement distendue à l’approche de la ligne d’arrivée. Je me laisse porter par le rythme de la coureuse devant moi qui me tire jusqu’au passage de la ligne d’arrivée, merci à elle.

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La collation à l’arrivée me redonne rapidement des forces. J’ai particulièrement apprécié les sablés d’un créateur artisanal local. Nombreux sont ceux qui se tournent vers une soupe chaude revigorante. Laurent et Stéphane ont une analyse intéressante de la course : « technique, exigeante… oui mais pas seulement. Ici, il n’y a que des traileurs de niveau élevé. On ne s’essaye pas au trail à Saint Paul, on ne peut pas y venir sans une certaine expérience. » Et les organisateurs l’ont bien compris aussi propose-t-il en parallèle un trail d’initiation de 9km remporté cette année par REYNAUD Gaël de la Team Optisport-Uglow en 35’ 18’’ chez les hommes et par PREVOT Clara de l’Embrun Triathlon Club en 45’ 30’’ chez les femmes.

L’attention des organisateurs est allée jusqu’à offrir une rose à chaque demoiselle en ce jour de saint Valentin. Délicate attention qui démontre bien que si les traileurs aiment l’Ubaye Snow Trail, lui aussi aime chérir ses coureurs et coureuses.

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Podium résultats scratch masculins

  1. BARONIAN Thibault           1H 44’ 43’’   Team Salomon
  2. JAILLARDON Renaud        1H45’ 08’’    Team Salomon
  3. MANSOURI Saïd                  1H 47 ’52’’   Team Snowshoes 05

Podium résultats scratch féminins

  1. DODIN Céline                       2H 10’ 58’’   Team X-Bionic
  2. BOUTARIN Océane             2H 12’ 44’’
  3. DARDANELLI Laetitia       2H 14’ 38’’   Gap Champsaur Triathlon

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